Dans la culture binaire, patriarcale les stéréotypes et les rôles sont intimement liés au genre. Dès la petite enfance, les différences sont clairement marquées: les contes pour enfants, les jeux et bien sûr le langage construisent peu à peu des personnalités selon des intérêts bien concrets. Des intérêts idéologiques, lesquels créent des valeurs morales qui ne sont rien de moins que les piliers d'un système économique. Les individus restent marqués par ce qui doit être leur représentation et leur rôle social. Depuis toujours on éduque la petite fille pour plaire et servir, la fabrique d'un sujet au service d'une culture qui va la maintenir dans une position d'infériorité: une manière de l'enfermer dans une sphère réduite et dominée. En dépit de progrès sociaux accomplis cela ne signifie pas pour autant l'obtention d'une égalité totale et d'une autonomie identitaire.
Actuellement on constate toujours la même tendance d'une suprématie masculine: cela répond à une conception d'une culture qui divise le monde en deux sphères:
- La sphère publique où règne l'hégémonie masculine : dans les domaines du travail, de la politique, de l'économie.
- La sphère privée: qui correspond au monde féminin caractérisé par les tâches du quotidien, l'éducation des enfants. Activités à faible impact économique et dont le poids n'a guère d'influence au moment de faire évoluer le statut social de celle qui les réalise.
Le système s'organise constamment de façon à ce que l'hégémonie masculine continue. C'est pour cela que les barrières détruites sont remplacées par d'autres de diverses natures. Il ne faut pas oublier que cela correspond à un système politico-économique, (le modèle capitaliste patriarcal) qui s'efforce de garder ses privilèges. Cette thématique fut abordée par Mary Wollstonecraft à la fin du XVIII° Siècle et par des auteurs plus contemporains telles Naomi Wolf auteur de "The Beauty Myth", Germaine Greer qui porte une attention toute particulière au corps féminin qui devient objet; Susan Bordo qui examine dans on ouvrage intitulé " Le féminisme, la culture occidentale et le corps" les conceptions historiques de la dualité esprit/corps et sa relation au genre illustrant le pouvoir continu de certaines images culturelles et idéologiques auxquelles les hommes et les femmes sont particulièrement vulnérables et Betty Friedman qui aborde dans son livre "La Femme mystifiée" l'éducation des femmes. Pour revenir à Naomi Wolf: celle-ci nous parle du temps où les femmes réussirent à franchir les barrières de la structure du pouvoir, les déséquilibres alimentaires se sont multipliés et la chirurgie esthétique est devenue une spécialité médicale en plein essor. Au moment même où les femmes se libéraient du mythe féminin de la domesticité ce dernier fut remplacé par le mythe de la beauté. Le modèle variable de "La Beauté", dans l'ère moderne occidentale est le dernier et le meilleur des systèmes de croyances qui maintient intact la domination masculine. En attribuant de la valeur aux femmes dans une hiérarchie verticale en accord avec une norme physique imposée culturellement découlent des relations de pouvoir dans lesquelles les femmes doivent rivaliser en utilisant les mêmes codes que les hommes s'étaient appropriés.
Au fur et à mesure que l'économie, la loi, la religion, la morale sexuelle, l'éducation et la culture se sont efforcés de s'ouvrir de façon plus juste pour inclure les femmes, une réalité privée colonisait la conscience féminine: à force d'exprimer des idées sur la "Beauté", on a reconstruit un monde alternatif avec ses propres lois, économie, religion, sexualité, éducation et culture dans lequel chaque élément retrouve sa composante répressive comme jadis.
L'animation (stop motion), le recours aux images d'archives, les différentes performances, contribuent à créer, en rompant avec le langage narratif linéaire, un métalangage visuel. La fréquence des images, le rythme de l'éclairage, la couleur, créent une atmosphère surprenante, soutenue par une composition musicale puissante. Une transcription dynamique visuelle et sonore festive qui contraste avec la thématique sous-jacente.